
GREYG
L’empreinte du passé est toujours présente dans les portraits des Gueules cassées, dans la série Respire ou bien dans la présence des corps que l’artiste peint.
C’est la marque qui semble primer. Celle du temps qui passe, celle qui laisse son empreinte, sa cicatrice, sa béance face au monde. Il nous plonge dans l'abîme de chacun, en soi et avec le monde.Greyg semble toujours viser le trou, ce qui ne se dit pas mais qui fait trace et s'imprime dans la chair.
En cela, c’est bien à l’intime que sa peinture s’adresse. Celle qui tente de débusquer, de dévoiler. Celle qui attrape le réel de chacun. Il nous saisit pour nous faire autre à nous-même et aux autres ! Une expérience intime. Forme de sauvagerie, c’est dans les coulures de sa peinture, dans la rudesse des traits que le réel nous apparaît. Dimension difficile à saisir mais qui pourtant prend forme sous les yeux de celui qui regarde.
Le spectateur est convoqué à une émotion brute. La dimension pulsionnelle est présente dans chacun des corps qu’il peint. On est touché car pris au piège de ce point d’énigme qui provoque angoisse, peur, tristesse, joie, extase…Notre regard est dans ses tableaux et nous capture dans ses rets. Mais derrière l’horreur, le néant qu’il représente, Greyg peint surtout l’espoir.
C’est dans ce trait de peinture vif et joyeux que surgit la lumière. Touche de vie, pointe de respiration qui apparaît au fil de son travail et s’installe dans ses dernières œuvres. Un chemin vers l’au-delà. Au-delà de l’horreur de chacun…une pulsion de vie. C’est à l’intersection de cette rencontre que surgit l’invisible. Ce point auquel le spectateur est convoqué mais d’où rien ne peut se dire.
Après ce premier trait, c’est le vivant qui se révèle. C’est bien ce qui ressort de l’œuvre de Greyg. Ce mouvement, cette palpitation sourde mais criante qui touche le spectateur et qui, malgré la noirceur du premier regard, renvoie à ce qu’il y a de plus vivant dans sa peinture.
L’art de Greyg repose sur cet équilibre fragile entre Thanatos et Eros
Texte d’Alexandra Marguerite































