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Masques à gaz
et
gueules cassées

« Imbécile, imbécile

Mais aussi est ce que je pouvais savoir que je suis aussi horrible. Après avoir été un homme, avoir mis toute mes forces à réaliser en plein ce que ce mot veut dire et n’être que ça, un objet de terreur pour son propre enfant, une charge quotidienne pour sa femme, une honte pour l’humanité.

Laissez-moi mourir »

 

Lazé.

Vivre, exister dans le regard de l’autre.

 

Construire son individualité et construire son humanité.

 

Nous existons dans notre morphologie, nous existons dans nos mondes intérieurs. Nous sommes, et nous sommes le reflet de l’autre.  Les gueules cassées, des hommes privés de leur individualité, de l’expression de leur émotions, des hommes qui nous renvoie l’image de la précarité de notre condition humaine.

Ulysse revenant défiguré à Ithaque (transformé en vieillard par Athéna) n’est reconnu par personne sauf par sa vieille nourrice.

Emprunte du passé marquée dans leur chair.

L'armistice ne signa pas la fin de la guerre. En France, après des années de guerre cachée au fond de tranché, trois millions d'hommes revinrent invalides. Près de 15 % des blessés de 14-18 l’étaient au visage. Des soldats victime d’un obus, d’une balle de mitrailleuse, provoquant fractures de mâchoires, pertes de la peau, des muscles, des os deviendront les « gueules cassées ». Pour ces hommes aux visages ravagés parfois à peine identifiables  commençait un autre combat. Après l'horreur des tranchées, ils durent affronter le supplice de la disgrâce. Défigurés ils sont l’image des conséquences physiques et psychologiques de la grande guerre.

 

A l’entrée des années folles, les gueules cassées deviennent le reflet de ce l’on souhaite oublier. Ils ont constitués l’emblème de la violence de la guerre infligée au corps atteins dans le plus humain de ce qui incarne notre humanité. Les gueules cassés ne sont pas uniquement le témoignage stigmatisé dans leur chair des horreurs de la guerre. Ils sont aussi porté le message d’une réalité  et le témoignage du courage et de la volonté d’une reconstruction possible.

 

Une reconstruction dans leur chair et leur esprit.

 

Masqués pour se protéger puis défigurés et mutilés, la démarche de Greyg se concentre ici sur ces hommes aux visages reconstruits quittant un masque pour un autre, d’une déconstruction à la reconstruction de leur humanité, des hommes qui ont portés le message d’une réalité et ont ouvert la voie à une prise de conscience.

 

Une démarche qui sont d’autres angles trouve écho dans notre monde contemporain.

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